Page d'accueil     Sommaires     Historique & varia

Le dessin scientifique (plus bas)

Conseils pour l'étude des araignées

On trouvera la plupart des éléments pour démarrer dans:
LEDOUX, J.-C. & CANARD, A., Initiation à l'étude systématique des araignées (2è édition) (66 p., 6 euros). Me le demander.

Observation dans l'alcool

Une des premières questions qui m'est posée est celle du choix de la binoculaire. Il est difficile de donner des conseils per urbis et orbis et dans l'abstrait. Pensez que le confort d'observation et la qualité optique ne sont pas la même chose. Beaucoup de binos du commerce que j'ai vues ont un système d'éclairage lamentable; cela peut se bricoler, notamment avec les petites lampes à halogène (il en existe en 6 volts). Certaines binos ont de la lumière parasite, qui donne une impression de brouillard. Cela peut se corriger en ajoutant des diaphragmes ou des bouts de papier noir. On peut se passer de binoculaire et utiliser un microscope avec des objectifs faibles: il existe des objectifs x2,5 et x5; avec des oculaires x6 et x10, cela donne des grossissements de x15 à x50 fois, ce qui est un peu beaucoup pour des grosses araignées, mais ça marche. Faire attention cependant à la course possible de la crémaillère (dans le temps, j'ai dû enlever la platine pour pouvoir loger la coupelle avec l'araignée).

L'usage d'un microscope (avec objectifs de x5 à x60, très rarement x100) n'est pas indispensable pour la détermination, mais très souhaitable pour bien observer certaines structures. Ci-contre, le tarse IV d'un Pholcus montrant des poils particuliers.

Les araignées s'observent dans l'alcool; les petites y nagent allègrement et refusent de se mettre dans la bonne position. Pour les araignées entières, on peut utiliser un "bain de sable" pour coincer l'araignée (utilisables: gels de silice pour chromatographie; billes de verre utilisées dans les peintures des bords des routes; sables colorés pour aquariophiles; petites graines (notamment celles d'Amaranthus, noires), certainement d'autres choses).

Pour les petits morceaux (patte-mâchoire détachée p. ex.), on peut mettre une fine couche de vaseline sur le fond d'une coupelle, y mettre l'alcool, et enfoncer légèrement la pièce sur la vaseline. Si la pression est faible, la pièce se détachera sans emporter de vaseline; dans le cas contraire, il faudra nettoyer la pièce...

Prévoir quelques coupelles dont le fond est peint en noir, avec éventuellement un petit espace blanc au centre (cela permet d'éviter une grande partie de la lumière parasite dans la bino).

Extraction et observation de morceaux

Il existe des ciseaux-pinces qui permettent des découpages délicats; je me sers d'une petite lame et l'une baguette de bambou. On enfonce la pointe de la lame sous la partie à découper et on coupe en passant la baguette contre le tranchant.

Pour l'éclaircissement, on utilisait des sauces avec de l'hydrate de chloral; actuellement, ce produit est difficile à obtenir. On peut éclaircir avec de l'acide lactique (indice: 1,44); mais il peut provoquer un gonflement. Le montage dans le dimethyl-hydantoïn-formaldehyde (indice entre 1,44 et 1,53), qui est une "résine" synthétique (en fait, plutôt une gomme, car soluble dans l'eau et l'alcool) rend les tissus assez transparents. Laisser reposer la préparation 24 heures avant de juger si la transparence suffit.

L'éclaircissement peut se faire par la potasse (KOH), qui ne fait pas qu'éclaircir mais détruit les tissus mous. Ce n'est pas toujours recommandable. Même chose pour l'eau de Javel. Dans ces cas, bien rincer avant le montage, sous peine de trouble (micro-cristaux) après montage. Si la chitine a été trop décolorée, la re-colorer au noir chlorazol.

Le montage peut se faire, à partir de l'alcool à 70, directement dans le dimethyl hydantoin formaldehyde. Mettre cette résine en solution dans l'alcool ou dans l'eau distillée (sous peine de micro-cristaux) Le montage peut se faire au baume, en passant classiquement par les alcools successifs, puis xylol, puis baume. On peut simplifier en passant de l'alcool à 70 à la créosote de hêtre, puis (après 2 heures à 24 heures de trempage, selon la taille du morceau) directement au baume. La créosote dissout un peu d'eau et est miscible en toutes proportions avec le baume. Le salicylate de méthyle devrait offrir la même possibilité, avec une odeur beaucoup plus faible.

Pour les préparations, toujours mettre des cales (fine bandes de papier 80 ou 90g normalement, bristol pour les objets un peu épais), sans quoi, en séchant, la lamelle écrase l'objet.

Eclairage à fond noir


Pour certaines structures, dont les trachées, l'observation sur fond noir est utile; on peut obtenir un éclairage à fond noir approximatif en plaçant sur le porte-filtre du condenseur une petite feuille de plastique transparent avec, collé au centre, un petit rond de papier noir. A mettre au point par essais et erreurs. Ci-contre, troncs trachéens de Myro kerguelenensis.

Salicylate de Méthyle

J'ai fait récemment la connaissance du salicylate de méthyle. Inconvénient: il faut passer par l'alcool fort (95 à 100°) avant de mettre la pièce dans le salicylate de méthyle (et pareil dans le sens inverse). Avantage: l'éclaicissement est trés efficace et rapide. Le salicylate de méthyle a un indice de réfraction (1,53) identique à celui du baume, très proche de celui du verre (1,52 à 1,63, selon les sortes). Le salicylate de méthyle est miscible avec l'alcool pur (mais fait la vinaigrette avec l'alcool à 70) et très peu soluble dans l'eau.

Ci-contre, de gauche à droite, Dysderina lauricata dans l'alcool, la même éclaircie au salicylate de méthyle, la même en lumière polarisée (les muscles, biréfringeants, apparaissent).

Coloration au noir chorazol

Le noir chlorazol est un colorant de la chitine... mais le tégument d'une araignée en bon état n'est pas de la chitine pure. Il ne prend le colorant que si on l'a au préalable décolorée et altéré sa surface (potasse, eau oxygénée, eau de Javel, trop forte dose d'ultra-violets, etc). Le tégument devient bleu. Ceci permet également de rendre plus observables des araignées décolorées par les ultra-violets (oubliés près d'une fenêtre p. ex.).

Récupération des araignées séchées

Elles ne reviendront pas à l'état neuf... mais leur étude sera plus facile. Préparer une solution à quelques % de phosphate trisodique. Avant emploi, porter à ébutition (pour dégazer le liquide); après refroidissement, y placer l'araignée à macérer (éventuellement dans un pilulier sans bulle, pour forcer le liquide à dissoudre l'air entré dans le corps de l'araignée). Au bout de quelques heures à 24 heures, l'araignée doit être "regonflée" et à nouveau observable. La remettre dans l'alcool.

Pour éviter le séchage, certains mettent dans l'alcool un peu de glycérine. C'est efficace, mais présente deux inconvénients: on se met de la glycérine plein les doigts, et la glycérine tend à raidir les animaux.

début


Du bon usage du Simon

L'ouvrage de base pour l'étude des araignées de France est (encore) le SIMON (1914-1937). Cet ouvrage, dont les parties 2 à 5 sont posthumes, présente certaines particularités dont il faut tenir compte.

Vocabulaire

Si certains adjectifs vous laissent rêveur, allez chercher dans un dictionnaire latin; normalement, vous y trouverez la racine, et partant, la signification.

Dessins

Dans les parties posthumes, la plupart des dessins ont été ajoutés par BERLAND (surtout) et par FAGE. Ceux-ci sont allés chercher dans les tubes de la collection Simon des spécimens à figurer. Malheureusement, Simon avait parfois mis plusieurs espèces dans le même tube (en attente d'un tri ultérieur peut-être?) ou a fait des erreurs. Aussi, les exemplaires dessinés par Berland ou Fage ne sont quelquefois pas les bons... Un cas typique est celui d'Oxyptila baudueri. Simon avait fait une erreur: il dit explicitement dans le texte que ses exemplaires d'Espagne appartiennent à une autre espèce, mais c'est une femelle d'Espagne que BERLAND figure... Ce qui a donné lieu à une mésinterprétation de l'espèce.

Donc, lorsque texte et figures sont en discordance, suivez plutôt le texte (c'est contre-intuitif dans notre société...).

Autre détail d'importance, concernant les descriptions et les dessins de SIMON lui-même. Il observait les araignées à sec. Cela permet d'avoir la coloration à peu près exacte des poils (important pour les Salticidae), et de bien voir le relief des épigynes. Ci-dessous, de gauche à droite, Zelotes gallicus (une forme habituelle d'épigyne de Zelotes), Zelotes sardus sous alcool, Z. sardus à sec, et le dessin de Z. sardus dans SIMON.

Au passage, on voit que les dessins de SIMON doivent être vus comme des plans. Donc, si vous avez du mal à comprendre ce que SIMON a dessiné, séchez l'araignée (sur un papier-filtre) et observez rapidement... car les araignées s'abîment à sec.

Clés dichotomiques de SIMON

D'un point de vue général, il y a deux conceptions des clés dichotomiques: ou elles n'ont de prétention que pratique, ou elles doivent refléter la systématique. SIMON était proche de cette dernière conception. Aussi, souvent, dans ses clés, il indique les caractères normaux pour le groupe. Un exemple typique : dans la clé des Salticidae unidentati, pour arriver aux Aelurilleae, il faut que la patte 3 soit plus longue que la patte 4. Et dans la clé des Aelurilleae, on tombe rapidement sur : «Patte de la troisième paire plus courte que celle de la quatrième»... Car les Phlegra font exception sur ce point à l'ensemble des Aelurilleae ! Il faut utiliser ces clés avec circonspection (et ténacité).


début

L'étiquette des tubes

Le contenu de l'étiquette dépend de l'étude envisagée; les remarques ci-dessous ont trait à la partie essentielle, la provenance. Celle-ci est notée habituellement trois fois: sur l'étiquette de récolte, sur celle du tube de collection, et éventuellement sur une publication. Quand on en est à ce troisième niveau, si la provenance au départ a été mal rédigée, il est difficile de récupérer les précisions perdues.

Faire une étiquette de provenance ne présente apparamment aucune difficuté. Les difficultés viennent lorsqu'on a affaire aux étiquettes des autres. Ces recommandations concernent donc les autres ! Pour soi-même, on se souvient de ce qu'on a fait. Du moins pendant un certain temps; après, il reste ce qu'il y a sur l'étiquette, avec la possibilité de trous de mémoire.

Ce qui est évident pour soi ne l'est pas forcément pour les autres. Etiquette de E. Simon: "Córdoba" (sans date). Il y a deux Córdoba importantes: une en Espagne, une en Argentine (plus d'autres au Mexique). Or, Simon est allé en Espagne et a séjourné longtemps en Argentine. Alors? Des provenances difficiles à retrouver peuvent être le fait de gens étrangers au pays. Par exemple, «Languedoc: Forêt Noire» (probablement un lapsus pour Montagne Noire?), «Pierrefitte, Essonne»: il y a 13 communes appelées Pierrefitte en France, mais aucune dans l'Essonne. En fait, c'est un lieu-dit à côté d'Etampes (j'y étais, il a bien fallu que je retrouve). Autre étiquette (auteur inconnu): "Cascade de la Baume". Fort bien, il y a une cascade de la Beaume à 4 km de chez moi (Haute-Loire; j'aurais donc pu faire cette étiquette). Seulement, la Baume est une rivière se jetant dans l'Ardèche, et La Baume est aussi une commune de Haute Savoie, et il y a d'autres La Baume ou La Beaume, sans compter les innombrables beaumes (ou baumes, ou balmes) de France et toutes les cascades. Donc, la région même est inconnaissable.

Des gens connaissant bien le pays peuvent induire en erreur les autres. P. ex. une note du Frère Télésphore, signalant Latrodectus tredecimguttatus dans l'étang de Pujaut... oui, mais il est sec depuis le 16ème siècle, bien qu'on l'appelle toujours "étang" dans la région.

Précisions illusoires. J'ai trouvé une étiquette disant à peu près: «route de telle ville à telle autre, troisième virage après l'éboulement de la route...». C'est très précis, mais seulement si on retourne sur les lieux très peu d'années après la rédaction. Beaucoup de repères sur le terrain peuvent changer avec le temps (les routes se redresser, les forêts être coupées, etc.). Même les rochers peuvent disparaître.

A éviter: les coordonnées UTM (ça ne se trouve pas sur les cartes «normales», et c'est indéchiffrable sans le code), alors que les coordonnées en longitude & latitude sont notées sur presque toutes les cartes (attention aux variantes: grades et méridien de Paris, degrés et méridien de Greenwitch, ou méridien de Madrid).

A prohiber: de mettre seulement un numéro dans le tube, renvoyant à un cahier sur lequel sont toutes les précisions sur la récolte. Il suffit de perdre son cahier pour que tout soit perdu. Et même avant, si les numéros deviennent illisibles pendant le transport (et ça arrive!). Si on aime les numéros, on peut utiliser la date de récolte plus un numéro d'ordre; si le cahier disparaît, on peut au moins, avec les dates, retrouver une partie des données perdues. Cette même remarque est valable pour la collection: si un numéro est utile pour identifier chaque tube, il ne doit pas dispenser des données essentielles (département, commune, lieu-dit, milieu, date, autant que possible) dans le tube. Même prohibition pour le codage des départements: les erreurs deviennent invisibles et le code est inaccessible aux étrangers (ceci est surtout valable pour les publications). "Mon père ce 34 au sourire si 25" (Victor Hugo). Principe général: plus il y a de redondance dans une information, moins elle sera sensible aux erreurs et aux pertes.


Conclusion. Précisez le pays, département et commune, car les unités administratives se retrouvent plus facilement sur les cartes que les lieux-dits et les montagnes (même célèbres) ou les rivières. En l'absence de carte convenable pour se repérer, localisez par rapport aux repères importants (p. ex. 15 km au N.E de telle ville). Les autres choses (numéro de récolte, coordonnées etc.) peuvent être données, mais en complément.



Sources de l'image :

Nicolas HALLÉ, 1998. A la rencontre des araignées littéraires. Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, 266 p.

PTILUC, 1984. L'importance majeure des accords mineurs. Vents d'ouest.


J.-C. Ledoux      

début      page d'accueil

Le dessin scientifique

Ces indications sont à prendre de façon très libre. "Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse"

Aucun enfant n'apprend sa langue maternelle en apprenant les règles de grammaire et en lisant le dictionnaire. Il commence en essayant des sons (areu-areu), puis des mots et regarde quel est le résultat. L'apprentissage à l'école ne fera que l'aider à systématiser et mettre en mémoire le bon usage de sa langue. De la même façon, mes conseils ne pourront que vous aider à améliorer votre dessin. Donc, commencez à dessiner n'importe quoi, n'importe comment, et rodez-vous.

On peut considérer une photo comme la projection en deux dimensions d'un objet. Un dessin apporte en plus une part d'interprétation, part d'autant plus importante que le dessin est plus simplifié. On dessine avec son cerveau plus qu'avec ses doigts. Donc, si vous y voyez mieux qu'une taupe et que vous n'êtes pas atteint de Parkinson, vous devez pouvoir faire des dessins corrects, plus ou moins facilement selon votre expérience et vos capacités, et selon votre goût pour l'observation.

Matériel

Crayons. Mine de graphite, diverses duretés, 2H, H, HB, B. Un détail: je préfère les porte-mine ordinaires (mine de 2mm de diamètre) à ceux à mines fines (qui se cassent et que je n'arrive pas à aiguiser). Aiguisez la mine sur une feuille de papier de verre fin collée sur une plaquette de contre-plaqué.

Crayons dit "à lithographies" (noir très intense et mat, aspect de fusain) pour les dessins à l'estompe.

Encre. Je n'utilise plus de plume depuis longtemps, j'utilise des stylos à encre de Chine à pointe tubulaire. Petit détail: un intermédiaire pour tenir la pointe verticale et le corps à 45° est très pratique (image ci-contre). Le plus souvent, j'utilise des pointes de 0,2, 0,3 ou 0,4 mm.

Grattoir. Les lames de rasoir ou les lancettes à vaccination m'ont toujours été désagréables. J'utilise une grosse aiguille coupée en biseau (usée sur une pierre à eau) et montée dans un mandrin; c'est raide, le tranchant est elliptique, on gratte avec le dos ou la tranche, à expérimenter par chacun.

Papiers. Il y a le choix. Pour le crayon, sont bons: papier à dessin dit "lavis technique" (il a deux faces: utilisez la plus lisse); divers papiers à dessin lisses; un support plastique dépoli, qui présente une surface très régulière et permet une grande finesse. Le bristol, apprécié par certains, ne peut pas être gratté, ce qui me le fait éviter.

Pour l'encre, les supports précédents, plus la carte à gratter (c'est un petit carton couvert d'une assez épaisse couche blanche sur laquelle on dessine, théoriquement au pinceau; ça encrasse les plumes et le stylo, mais ça permet de nombreuses retouches et de faire par grattage du blanc sur fond noir). J'utilise un papier qui n'est pas fait du tout pour le dessin: un papier d'imprimerie couché mat (avantages: surface très lisse, donnant un trait très régulier; correction par grattage possible, si on n'en fait pas trop; et prix de revient très bas).

Calque. Je le décommande vivement comme support pour le dessin... mais m'en sers parfois. Il est transparent, ce qui est bien utile, mais fait que les traits ont une ombre. Il peut en résulter des mauvais résultats à l'impression. Il est par contre très utile pour les transfers de dessins.

Gommes. N'oubliez pas qu'il existe des gommes "mie de pain", malléables, qui permettent p. ex. de tapoter sur une petite zone pour l'éclaircir.

Petit matériel. N'oubliez pas un rouleau d'adhésif pour fixer le papier, une petite balayette (ou un gros pinceau très souple) pour enlever les rognures de gomme (et ne pas passer la main sur la feuille), du papier de verre (pour aiguiser les mines), une paire de lunettes de presbyte (à moins que vous ne soyez myope) et un tube de gouache blanche avec un pinceau convenable (à utiliser de temps en temps pour faire des brillances ou des corrections).

Exécution

Il est bon d'utiliser une chambre claire (adressez-vous à votre marchand d'optique). Si non, utilisez un oculaire avec quadrillage et faites votre premier dessin sur papier quadrillé. Pour le premier contour à la chambre claire, prenez un crayon dur (2H); une fois les contours mis en place, re-dessinez-les avec un crayon plus gras (HB): cela permet de gommer ce second trait sans effacer complètement le premier. Quand un trait est faux, ne le gommez pas complètement, et ajoutez le trait corrigé en vous aidant de la trace de l'ancien. Cette première construction au crayon doit être légère pour ne pas perturber le résultat à l'encre.

Pour les dessins en demi-teinte, j'utilise des crayons noirs dit "à lithographie" et un morceau de carton épais taillé en pointe: cette pointe me sert à prendre le noir sur la mine et l'étaler sur le papier. Les traits fins sont faits au crayon de graphite gras et bien aiguisé. Pour ce style de dessin, la gomme mie de pain est très utile; on peut, pour achever le dessin, ajouter quelques brillances avec un peu de gouache. A fixer sitôt achevé.

Avant l'exécution à l'encre, reprenez le premier tracé et faites le dessin au crayon en demi-teintes pour bien placer les ombres et les lumières (avec l'expérience, on peut s'en passer). Puis passez à l'encre.

Pour le passage à l'encre, ne vous dépêchez pas. Vous pouvez tirer vos traits avec une extrême lenteur, en contôlant exactement la position de la pointe. Gardez toujours la meilleure position pour votre main et déplacez ou faites tourner le papier. Certains recommandent de tracer certains traits d'un coup de plume rapide: je n'ai fait que des catastrophes comme ça. Pour faire des traits s'amincissants, on peut le tracer normalement, puis l'amincir par grattage.

Transfert d'un dessin. On en a rarement besoin, mais il faut savoir le faire. Deux cas possibles:

1. Transfert tel quel. Fixez un calque sur le dessin; reprenez les contours avec un crayon plutôt dur; décollez de calque; sur l'envers du calque, repassez les traits avec un crayon très gras; fixez le calque sur le nouveau support; repassez les traits avec une pointe sèche (ou un stylo-bille sec).

2. Tansfert avec inversion gauche-droite. Fixez le calque sur le dessin; reprenez le trait avec un crayon assez gras; décollez le calque; fixez-le à l'envers sur le nouveau support; repassez les traits avec une pointe sèche ou un lissoir.

Dans les deux cas, on obtient un fantôme de trait sur le nouveau support, mais c'est assez pour y refaire le dessin. Si le papier s'y prête, on peut faire ces opérations plus simplement sur une table lumineuse.

Taille du dessin. Il est bon habituellement de faire les dessins plus grands et les réduire à l'impression: certaines irrégularités s'estompent. Mais ne pas oublier que, plus on réduit, plus c'est petit (vous y auriez pensé sans moi), donc plus le trait devient fin. Un dessin trop réduit s'évanouit. Equilibrez l'épaisseur du trait avec la réduction souhaitée. Les bonnes réductions, à mon goût, vont de x0,7 à x0,5. Une trop forte réduction peut faire des surprises.

Symétrie. Certains sujets devraient être symétriques, mais la symétrie parfaite est rare dans la nature. Et en dessinant, on a facilement tendance à tordre un peu le dessin. Reprendre les contours du dessin en cours sur une feuille et la plier selon l'axe de symétrie: la superposition des deux moitiés montre clairement les écarts à la symétrie. A vous de juger si l'objet est bien comme ça, si c'est un effet de perspective (et donc qu'il faut re-orienter l'objet) ou si c'est le dessin qui est un peu trop faux. On peut aussi reporter le côté droit sur le gauche (ou l'inverse) et faire une image parfaitement symétrique, comme on en voit dans la littérature, images que je juge glaçantes et suspectes. Plus simplement, on peut, en cours d'exécution, regarder de temps en temps l'image à l'envers ou à 90°: certaines erreurs apparaissent ainsi.


Voici quelques exemples (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Dessin à l'estompe, support plastique transparent. A droite, le premier dessin de construction. A gauche, exécution sur plastique transparent. Pour l'exécution, le plastique est fixé sur le premier dessin, ce qui permet de gommer à volonté sans danger de perdre le trait.

Dessin sur carte à gratter. Cela facilite les traits blancs fins sur fond noir, obtenus par grattage (et non en réserve)

Epigyne, sur lavis technique. Les poils, sombres et épais, sont rendus en engraissant le trait par quelques points, ce qui leur donne aussi un léger aspect flou (qu'ils ont, ils sont légèrement plumeux).

Bulbe, sur couché mat. Dessiner des poils blancs sur fond blanc n'est pas évident. Je m'en suis tirré par des pointillés assez distants. On voit qu'il sont blancs lorsqu'ils passent devant une surface grise ou noire (grattage!).

Dessin sur calque, juste pour en montrer l'inconvénient (que j'ai un peu aggravé): l'ombre des points et des traits qui assombrissent les parties déjà sombres. Si vous contrôlez un peu la reproduction du dessin, vous pouvez corriger. Vous noterez aussi que je n'ai pas gommé les traits au crayon: cela évite d'abîmer les traits à l'encre, le crayon est assez léger pour disparaître si je transforme l'image en noir et blanc.

Ça, je ne sais pas faire. Les différences de teinte sont données par la densité et par la taille des points. Outre l'aspect esthétique, ceci évite les espaces blancs trop étroits qui pourraient s'empâter à la reproduction.

Ne vous y trompez pas, on peut faire beaucoup mieux que ça (cliquez sur l'image)


En espérant que ces quelques mots vous aideront à faire de belles illustrations.

Bibliographie embryonnaire

COINEAU, Y. , 1982 -- Comment réaliser vos dessins scientifiques. Bordas.

COINEAU, Y. , 1987 -- Como hacer dibujos cientificos. Materiales y métodos. Labor, Barcelona, 237 p. [traduction du précédent].

GRAHAM CANNON, H., 1936. -- A method of illustration for zoological papers. The Association of British Zoologists, 36 p.



début      page d'accueil